Plus d’une année s’est écoulée. Fracturé dans ma photo, j’ai dû quitter les réseaux sociaux. L’élastique démasqué, je peux l’avouer : mon plan à trois s’est mâle terminé.

Mes réseaux sociaux

A trois et juste deux doigts

Tout semblait pourtant glisser à merveille. Sans accro ni gel. Quand j’y repense, notre trio me provoquait une perceptible excitation.

De ces matins aux yeux encore bridés, l’index humide collé sur ces murs. De ces coups de cœur, messages et commentaires susurrés à longueur de journée. Je doigtais frénétiquement ces fils d’actualité : le mien d’abord à toujours l’alimenter, les autres aussi à les comparer au mien.

Je me sentais aimé. Désiré même. Je vivais mes fantasmes  dans la plus belle des réalités sans coup férir ni infidélité. Crazy.

« P’tite pute » ou le règne des corps marketés

Mais l‘idylle m’était trop belle. Plus je me déshabillais, plus les reflets m’insupportaient. Je devenais l’esclave de mon image, de mes images. Avec narcisses et leur possessivité jumelée qui me rappelaient sans cesse à eux. J’en devenais ceinturé. Ôh My Gode.

« L’herbe est toujours plus belle ailleurs. » dit-on. Du moins son image savamment préparée.

Damien Suez a poussé le curseur textuel. Mais la pathologie de sa « P’tite pute » et du règne des corps marketés se confirmait. Elle me bousculait. Avec en seule posologie un cachet de Meet Your Model et un suppositoire d’Only Fans. Vite, au lit ! pour un autre plan … à trois aussi ?

La contrainte de l’index et du majeur tout doigt levé

La tension devenait palpable, la pression était sociable. Mais moi, j’étais épris dans ma dissonance. Mon corps frissonnait, mes tétons pointaient d’en (a)voir toujours plus. Avec accro et gel. J’avais parfois la sensation de me vendre tout entier dans ce trio de promo omni-canalisée. J’en avais alors la nausée, à en perdre mon boitier et mes pixels fantasmés.

C’était donc écrit. Nous devions alors nous séparer et tout arrêter. Et je devais surtout me retrouver, me débarrasser aussi de ce syndrome en fil conducteur, celui de l’imposteur. Pour mieux revenir et me convenir.

Ce qu’un Homme peut être, il doit l’être.

Maslow

Et j’ai réalisé. Ce n’est pas la photo que j’aime, c’est l’envie d’exprimer des histoires et mes fantasmes imagés. Il n’est jamais trop tard et le mâle n’est pas encore fait. J’en reviens donc avec de nouveaux fantasmes. Ne dit-on pas « Quand il y en a pour trois, il y en a pour quatre. » ?  Avec Facebook et Instagram s’ajoute maintenant TikTok. Tic-Tac de mon plan à trois.

Dans ces réseaux sociaux, je vais donc tenter de m’aligner comme on dit. A frétiller dans mon essentiel et l’expression de mes pixels. J’affine mes contours, ceux aussi de mes ateliers en retour.